A le voir onduler dans son aquarium, le Poisson Rouge est un animal charmant et gracieux qui parait bien inoffensif. Doté d’un caractère passif, il est plus proche de la proie que du prédateur. Il a simplement besoin de beaucoup d’espace pour s’épanouir et se développer car sa taille adulte peut atteindre 30cm voir plus…
En France, il fait partie de la liste des animaux domestiques, à ce titre, il est défendu par la législation qui le protège (normalement) des kermesses et autres stands de forains dans lesquels il est cédé sous forme de lots. Mais il faut savoir qu’il fait également partie des espèces invasives lorsqu’il est relâché dans la nature.
Le poisson rouge (toutes variétés) qu’on retrouve dans les animaleries, n’existe pas à l’état sauvage. On ne peut donc pas « remettre » en liberté un animal qui ne connait rien à la vie sauvage, et qui n’est même pas originaire d’Europe…
Le comportement du poisson rouge
Le poisson rouge est un gros mangeur. Il a un appétit vorace. Lorsqu’il ne mange pas, c’est qu’il cherche à manger ! Il n’a de cesse de combler son ventre creux. C’est physique, son corps est dépourvu d’estomac, tout ce qu’il mange est de suite filtré par ses intestins. Une fois qu’il a digéré, il part à la recherche de son futur repas.
Dans son aquarium, il va tirer sur les plantes pour les manger jusqu’à les déplanter. Il remuera le gravier jusqu’à faire remonter tous les dépôts de nourriture ou d’excréments. Il vous fera de l’œil afin que vous craquiez plus vite pour le nourrir. Dans certains cas, il attirera même votre attention pour vous faire comprendre ses besoins.
Si on prend en compte sa taille adulte qui fait de lui un grand poisson, on comprend bien pourquoi le mettre dans une boule est une réelle torture.
Le poisson rouge doit vivre dans un aquarium ? Non, il doit vivre dans un grand aquarium d’autant que c’est un animal grégaire qui doit évoluer en groupe pour s’épanouir. Le bassin étant le lieu idéal pour le maintenir.
Le comportement de l’être humain
Certaines personnes ont été mal conseillées, mal orientées. Dans ce cas, la première victime est le poisson, la deuxième son propriétaire.
Ils ont un aquarium trop petit ou pire une boule. Un jour ils se rendent compte de leur erreur et décident de redonner sa liberté à leur poisson. Fiers de leur décision, et étant certains de réaliser un acte héroïque, ils relâchent leur petit dans le lac, canal, étang, fleuve le plus proche… Ils le voient partir puis disparaitre sous les eaux. A chaque fois qu’ils passeront devant ce point d’eau, ils regarderont à tout hasard s’ils aperçoivent leur ancien ami…
Le poisson rouge : Une espèce invasive
Dans ledit lac, canal, étang, fleuve, que se passe-t-il depuis l’intrusion de ce petit poisson rouge ? Il s’est parfaitement adapté à sa nouvelle vie !
- Sa facilité d’acclimatation lui a permis de survivre dans cette eau dans laquelle il n’avait jamais nagé jusque-là.
- Son régime alimentaire d’omnivore lui a permis de s’adapter à ce territoire en profitant d’une nourriture variée : Plantes, alevins, œufs et larves d’autres espèces comme les amphibiens, poissons, insectes. Certaines espèces parfois rares ou menacées peuvent voire leur population diminuer ou complètement disparaitre en quelques années.
- Il a continué de fouiller le sol inlassablement et a remué le fond jusqu’à menacer vitalement certaines plantes et poissons indigènes.
- Il s’est reproduit abondamment avec d’autres Cyprinidés, jusqu’à menacer certaines espèces.
- Il a également transmis des maladies aux espèces indigènes.
Par conséquent, il a complètement modifié l’équilibre naturel de l’écosystème dans lequel il a été relâché et a provoqué des ravages irrémédiables sur la faune et la flore.
Relâcher un poisson rouge dans la nature porte un nom : Le marronnage.
Définition : Le marronnage est l’évolution d’animaux domestiques partiellement ou totalement vers l’état sauvage après avoir été abandonnés ou s’être échappés. On parle alors d’un animal marron. Le terme est antérieurement employé pour désigner la fuite d’un esclave.
Pour toutes les raisons que nous avons énumérées ci-dessus, il ne faut jamais relâcher un poisson rouge dans la nature (ou un animal d’une autre espèce).
Lorsque l’on veut adopter un animal, on se renseigne avant sur ses besoins afin de voir si nous sommes capables de l’assumer financièrement et prêts à lui apporter tout ce qui lui permettra de vivre et se développer correctement. Ça doit être une décision pesée et réfléchie.
Il est impossible de quantifier le nombre de poissons rouges dans les cours d’eaux de France, d’Europe ou du Monde. Ils sont souvent plus présents près des agglomérations mais ils se sont tellement reproduits que cela relève du domaine de l’incalculable, d’autant qu’ils se sont hybridés avec d’autres espèces les menaçant parfois d’extinction…
La législation : Ai-je le droit de relâcher mon poisson rouge dans la nature ?
Cela est formellement interdit, conformément à l’article 521-1 du code pénal
Le fait, publiquement ou non, d’exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.
En cas de condamnation du propriétaire de l’animal ou si le propriétaire est inconnu, le tribunal statue sur le sort de l’animal, qu’il ait été ou non placé au cours de la procédure judiciaire. Le tribunal peut prononcer la confiscation de l’animal et prévoir qu’il sera remis à une fondation ou à une association de protection animale reconnue d’utilité publique ou déclarée, qui pourra librement en disposer.
Les personnes physiques coupables des infractions prévues au présent article encourent également les peines complémentaires d’interdiction, à titre définitif ou non, de détenir un animal et d’exercer, pour une durée de cinq ans au plus, une activité professionnelle ou sociale dès lors que les facilités que procure cette activité ont été sciemment utilisées pour préparer ou commettre l’infraction. Cette interdiction n’est toutefois pas applicable à l’exercice d’un mandat électif ou de responsabilités syndicales.
Les personnes morales, déclarées pénalement responsables dans les conditions prévues à l’article 121-2 du code pénal, encourent les peines suivantes :
– l’amende suivant les modalités prévues à l’article 131-38 du code pénal ;
– les peines prévues aux 2°, 4°, 7°, 8° et 9° de l’article 131-39 du code pénal.
Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. Elles ne sont pas non plus applicables aux combats de coqs dans les localités où une tradition ininterrompue peut être établie.
Est punie des peines prévues au présent article toute création d’un nouveau gallodrome.
Est également puni des mêmes peines l’abandon d’un animal domestique, apprivoisé ou tenu en captivité, à l’exception des animaux destinés au repeuplement.
Conclusion
On peut aimer les poissons depuis notre plus tendre enfance, mais on ne nait pas aquariophile, on le devient.
On ne doit acheter des poissons que si on les adore, il faut être passionné pour assurer leur survie quelque soient les situations que l’on rencontre et elles sont nombreuses même lorsque l’on met tout en œuvre pour leur bien-être : déséquilibre de la qualité de l’eau, variations de température, maladies, bactéries, morts, introduction pas toujours volontaire d’espèces comme les escargots… Avec un aquarium, tout peut arriver, car on tente de créer un biotope adapté en milieu clos.
Il faut toujours se rappeler que c’est nous qui avons décidé de prendre un animal, pas le contraire, pour cela on se doit de les respecter et de combler leurs besoins.